Après le non français, puis néerlandais, suivis de l’ajournement britannique, après l’échec du sommet européen, le Traité constitutionnel est moribond. Chaque jour, l’Europe se défait un peu plus, à une vitesse stupéfiante : les opinions publiques des divers Etats manifestent scepticisme ou angoisse. Les outils forgés hier pour construire l’Europe d’aujourd’hui sont aussi touchés : l’absence d’accord sur le budget de l’Union fait peser un sérieux risque sur les politiques communes. Les dirigeants européens n’offrent ni alternative, ni dynamique nouvelle. Jusqu’à l’Euro même qui voit sa légitimité et son utilité contestée : déjà des ministres en exercice de plusieurs pays importants l’ont publiquement mis en cause. De telles manifestations sont encore minoritaires, mais on sait qu’une monnaie, et l’Euro plus qu’une autre, ne tient guère que sur la confiance collective. Il est clair aujourd’hui que le fameux plan B n’existait pas, et était soit un mensonge, soit un leurre. Il n’y a aujourd’hui aucune alternative crédible au projet de Traité constitutionnel.

L’exigence d’un toit politique

Poursuivre le processus de ratification du traité relève de la décision des Etats membres : deux ou trois Etats, fussent-ils fondateurs, n’ont pas à décider pour tous les autres. Chaque peuple, chaque élu, chaque citoyen européen conserve le droit de dire ce qu’il en pense. Mais le blocage induit par le non de deux pays fondateurs peut laisser la crise enfler pendant de longs mois. Il nous faut prendre acte des votes de défiance, en analyser les raisons multiples. Il en émerge à la fois des aspirations souverainistes et protectionnistes, la peur de l’avenir mêlée à une aspiration à davantage d’Europe, notamment sociale. Cependant, quel que soit son avenir, l’esprit de ce traité demeure comme l’exigence d’un toit politique de l’Europe, préalab