Si les relations professionnelles en Amérique du Nord se sont construites sur un socle institutionnel commun, elles en sont par la suite graduellement venues à se diversifier entre pays, voire entre juridictions étatiques et provinciales, au point qu’il apparaît difficile aujourd’hui de parler d’un modèle régional. Notre analyse met en lumière certains défis qu’induisent pour les travailleurs et leurs représentants des régimes de relations professionnelles décentralisés comme c’est le cas dans le secteur privé en Amérique du Nord.

Un régime très décentralisé de négociation collective

Les relations professionnelles en Amérique du Nord se sont développées sur un socle législatif commun marqué par l’adoption aux États-Unis en 1935 du National Labour Relations Act (aussi appelé « Wagner Act »), et près d’une décennie plus tard, par l’arrêté ministériel et la « Loi des relations ouvrières » adoptés en 1944 respectivement par le gouvernement fédéral canadien et celui du Québec. Pour l’essentiel, c’est encore aujourd’hui ce socle législatif qui structure le mode de fonctionnement du régime nord-américain.

Celui-ci se caractérise par un régime décentralisé de négociation collective dans le secteur privé où le lieu de cette négociation se veut celui de l’entreprise ou de l’établissement local, contrairement à la branche sectorielle ou professionnelle comme c’est le cas dans plusieurs pays européens. Il institue également un mode particulier de recrutement et de reconnaissance syndicale où les travailleurs sont appelés à témoigner de leur désir d’adhérer à un syndicat que ce soit sur la base de signature de cartes d’adhésion (comme c’est le cas au Québec) et/ou lors d’un vote à scrutin secret (comme c’est le cas dans plusieurs juridictions canadiennes et aux États-Unis). En Amérique du