Après une brève présentation de la discipline Aet ses courants, nous illustrerons l’analyse ergonomique du travail au travers d’une recherche-action réalisée auprès de cadres de proximité de la Fonction publique d’État.

La pratique ergonomique : une construction avec les acteurs locaux

Placée dans l’histoire des sciences, l’ergonomie est une discipline jeune, qui naît dans la période de l’après Deuxième guerre mondiale avec l’objectif d’augmenter la fiabilité des systèmes (aéronautiques notamment), puis progressivement d’adapter le travail aux caractéristiques psycho-physiologiques des travailleurs. Malgré la visée systémique défendue, l’ergonomie peut encore être présentée par des domaines de spécialisation (ergonomie physique, ergonomie cognitive, ergonomie organisationnelle), correspondant à des champs de connaissance sur l’Homme plus qu’à ses interactions avec l’univers socio-historico-culturel du travail. Mais comment peut-on envisager la cognition de manière désincarnée ? Comment peut-on penser l’organisation sans les sujets agissants ? Ces fragmentations s’inscrivent dans l’histoire même de l’ergonomie, qui se construit à partir d’un courant encore dominant à nos jours, celui qui voit l’Homme comme un « facteur » parmi d’autres. Face à celui-ci, une autre ergonomie propose d’envisager l’Homme comme un acteur, sujet agissant et construisant son monde.

Ce premier courant, issu du monde anglophone, est connu comme Human Factors. Il considère l’ergonomie comme une science visant à éclairer les modalités et les limites du fonctionnement de l’Homme au travail, en formation ou dans la vie quotidienne (Noulin, 2002). Il est conçu comme un dispositif correctif, fixant des limites aux organisateurs et aux gestionnaires à la recherche de l’optimum productif. Du point de vue du métier, l’ergonomie des facteurs humai