Un des legs des Etats-Providence d’après 1945 est certes l’exis tence d'un «Etat-Providence invisible » grâce auquel des soins « informels » sont prodigués par les femmes aux personnes dépendantes de leur propre famille, tels les jeunes enfants et les personnes âgées. Cet Etat-Providence invisible n’a en aucune manière été éliminé par les mutations démographique, sociale et économique des dernières décennies. Cependant, dans plusieurs pays européens, de nouvelles politiques publiques émergent et viennent modifier la donne. Ces politiques visent à faire face à deux évolutions démographiques de grande ampleur, à savoir la montée du taux de participation féminine et le vieillissement des populations des sociétés industrielles. Si les chiffres liés au premier changement sont bien connus, ceux qui marquent le deuxième le sont moins.

Dans les pays membres de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), la population des 65 ans et plus représentait 15 % de la population d’âge actif en 1960. On estime qu’en 2030 cette proportion pourrait passer à 35 %. Cette augmentation résulte, d’une part, d’un vieillissement démographique accompagné d’un faible taux de fécondité et d’autre part, d’un vieillissement individuel dû à l’accroissement de la longévité.

Pour les Etats et les organismes internationaux comme l’OCDE, le défi est de s’assurer qu’une population active suffisamment grande existera avant que la génération du baby boom ne parvienne à l’âge de la retraite et ce, afin de protéger le niveau de vie matériel. Comme l’OCDE le mentionne dans sa publication de 1998, Préserver la prospérité dans une société vieillissante : «(...) en 1960 il y avait 4 salariés pour une personne âgée. A l’heure actuelle il n’y en plus que 3, et cette proportion se maintiendra pendant encore une dizaine d’