Une commission thématique pluridisciplinaire s’est réunie en 2005 dans le cadre des travaux préparatoires du plan national « Violence et santé », qui vise à limiter l’impact de la violence sur la santé, pour faire suite aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. Le thème de cette commission portait sur la violence liée au travail et au sous-emploi. Il en est sorti un livre, divisé en deux parties : une synthèse rédigée par Christophe Dejours, qui présidait cette commission, et des annexes, qui reprennent les contributions des participants ou d’experts qu’ils avaient sollicités.

La subjectivité engagée

Le travail, explique Christophe Dejours, mobilise, en profondeur, la subjectivité tout entière. En conséquence de quoi, il s’inscrit comme médiateur dans la construction de l’identité, notamment à travers la reconnaissance symbolique qu’il procure (où le collectif de travail joue un rôle essentiel), et de la santé. À moins qu’il ne contribue à désorganiser l’identité, voire à la détruire, auquel cas il devient « un facteur pathogène de grande puissance ». C’est pourquoi la santé de tous les individus est tributaire des formes d’organisation et de gestion du travail et de l’emploi qui s’imposent dans la société. Des défenses individuelles ou collectives peuvent s’interposer entre la mise en péril de l’identité et la décompensation psychopathologique avérée, où la violence dirigée contre soi ou contre les autres peut avoir sa part. Les compromis qui peuvent être trouvés entre travail et santé (entre une rationalité instrumentale et une rationalité subjective) sont tributaires des délibérations à propos du travail réel et des décisions adoptées sur le terrain, mais ils dépendent eux-mêmes étroitement des politiques publiques (politiques de l’emploi et législation du travail principalement) et de la volonté collective de