Quel peut être le rôle de la formation initiale dans la société de la connaissance où nous vivons désormais ? Le rapport Thélot, remis le 12 octobre au Premier ministre, nous met devant un choix historique : l’école est enfin invitée à prendre toute sa place dans une formation tout au long de la vie conçue comme une éducation et un apprentissage permanents. L’enjeu est capital. Il s’agit de transformer l’idée même de scolarité, en en faisant non plus une étape isolée dans l’existence d’un individu, mais le lieu dynamique d’où il pourra se projeter dans un parcours placé sous le signe du mouvement.

Des esprits chagrins y verront une preuve supplémentaire de l’inféodation de l’école à l’économie. On entend même parler de « défaite des républicains », dans la bataille du rapport Thélot. Il s’agirait de fabriquer les travailleurs adaptables dont les entreprises ont besoin, quitte à sacrifier le savoir et la formation des citoyens. Mais l’enjeu n’est pas qu’économique, il est d’abord social et citoyen. Il n’y a pas de citoyenneté politique sans citoyenneté sociale et économique. Il est donc essentiel de permettre aux hommes et aux femmes de demain de rester dans la course, de continuer à se former, de se projeter dans l’avenir, de comprendre un monde en évolution permanente. Il s’agit de leur offrir l’autonomie, la lucidité, la sécurité dont ils ont besoin pour exercer leur liberté. De leur garantir, en somme, une vraie citoyenneté. A nos yeux, il y a là une vraie mission de service public.

Tel est le sens du fameux « socle commun ». L’associer à un abaissement des exigences, c’est méconnaître son véritable enjeu, qui est au contraire de faire du rapport aux savoirs le centre des parcours, et de reconnaître dans le savoir la condition de base de l’insertion sociale. Encore faut-il s’entendre sur ce que c’est que les savoirs. Nous ne vivons plus dans un mond