Retour sur la désyndicalisation

Parmi les causes de la désyndicalisation, on cite souvent les transformations des modes de production : avec la fin du keynésiano-fordisme et la désindustrialisation, se développent de petites structures homogènes et autonomes au détriment des grands ensembles industriels. Les modes de gestion des personnels se modifient également : ils sont à présent plus individualisés, plus participatifs, plus informatifs pour les salariés. Enfin, l’ère industrielle fait place à une société de services, fondée sur la valorisation des capacités particulières de celui qui les rend.

On cite aussi les évolutions sociologiques constitutives de « l’avènement de la seconde modernité »1. La fin des Trente Glorieuses marque la fin des catégories sociales relativement stables. A l’optimisme d’un progrès linéaire, se substituent des interrogations fortes au point que l’on peut parler avec Alain Ehrenberg d’une « crise des représentations de l’avenir »2.

La crise du syndicalisme résiderait aussi dans celles de quatre grandes visions du monde qui contribuaient à le structurer : le marxisme, le socialisme, le catholicisme social et le gaullisme. Une vaste classe moyenne se forme. Certains auteurs pointent la montée de l’individualisme, qui place au premier plan la réalisation personnelle et qui dévalorise les engagements collectifs. Ces changements, cette « rupture de trajectoire » pour reprendre une formule de Robert Castel, ont contribué à ce que le « système de la démocratie des partis, le rôle joué par les syndicats et les formes de démocratie économique et sociale préalablement institués » se soient « simultanément effrités »3.

Comme le syndicalisme français semble plus affecté qu