Le développement de l’économie financière impose les principes « du gouvernement d’entreprise » aux organisations économiques. Il est facile d’en dénoncer les inconvénients et de pointer l’incapacité des marchés à résoudre par eux-mêmes les problèmes majeurs de la société. Mais il serait simpliste d’en rester là.

Distinguer commanditaires et mandataires

Une entreprise est un projet, fut-il purement financier, qui est mis en œuvre. Les principes du gouvernement d’entreprise visent à organiser les rapports de pouvoir entre les commanditaires du projet que sont les propriétaires du capital de l’entreprise, avec ceux qui sont mandatés pour mener à bien le projet, en distinguant avec soin les uns des autres.

Cette distinction recoupe le distinguo plus traditionnel entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre. Ce n’est pas un hasard si celui-ci est formellement utilisé d’une façon croissante depuis quelques années pour mener à bien non seulement la construction des ouvrages d’art mais aussi les grands projets informatiques. Il est même patent qu’une mauvaise identification et séparation de ces rôles constitue une des premières causes d’échec de ces grands projets1.

A quoi est dû ce besoin général de séparer et de rééquilibrer les pouvoirs entre les commanditaires du « projet » et les responsables de « l’instrument » ? Probablement à « l’effet-système » qui résulte de la croissance de la complexité ambiante.

Pour « rester en équilibre et fonctionner correctement », un système requiert une régulation qui lui soit externe2. Or la sociologie des organisations nous a appris ce que tout le monde peut observer : craintes, passion de pouvoir, intérêts, etc., su