Les différents modèles d’analyse du stress ou des risques psychosociaux ont généralement cherché à rendre compte des difficultés vécues à travers l’équilibre ou la conjonction de différents facteurs. Le modèle biophysiologique montre que le stress est une réaction de l’organisme (qui se prépare pour résister ou fuir) à une agression extérieure afin de rétablir l’équilibre homéostatique (adrénaline/noradrénaline et cortisol). Quand toute réaction est empêchée par l’environnement physique ou social, ce mécanisme tourne à vide et le stress se chronicise ; ce qui est néfaste pour la santé. La psychologie cognitive a ensuite développé un modèle transactionnel du stress : une double évaluation est faite par l’individu des difficultés qu’il rencontre et des moyens pour y faire face. Ainsi, une grosse charge de travail n’est pas un problème si le salarié pense avoir les moyens de la gérer. Cette approche insiste sur l’adaptation individuelle plutôt que sur les ressources collectives. J’ai donc proposé une démarche plus sociologique : face à une situation de travail potentiellement difficile, le groupe de travail construit plus ou moins une évaluation du risque par rapport aux impératifs du métier et à l’adéquation des moyens disponibles aux fins valorisées. Si un risque est perçu comme inacceptable ou excessif, il génère une plainte qui peut être mise en forme de différentes façons : stress, fatigue, burn-out ou mauvaises conditions de travail, organisation du travail déficiente, voire exploitation de la force de travail. Les représentations sociales propres à chaque milieu professionnel médiatisent ainsi le rapport au travail et à ses contraintes.

Le modèle de Karasek pose que la santé mentale et même physique au travail résulte de l’équilibre entre les demandes (charge de travail élevée, rythmes de travail rapides et morcelés, activités complexes, etc.), les marges de manœuvre (libertés sur l’