La généralisation des technologies numériques de l’information et de la communication a suscité une abondante littérature concernant la modification des conditions de travail - au sens large - et en particulier l’exercice du management. Moins courants sont les récits des transformations induites dans la vie et les pratiques syndicales. Nos prédécesseurs, et certains d’entre nous, collaient des affiches et des enveloppes, calligraphiaient des stencils et montaient « debout sur le tonneau », là où aujourd’hui nous avons recours à une « mailing list », où nous organisons une prise de décision « collective » par mails interposés, parfois même tournons des « clips » de campagne électorale «mis en ligne ».

Les prémices : la visioconférence

Les militants en entreprise, et notamment ceux qui siègent dans un comité d’entreprise, qu’il soit d’établissement ou central, l’apprennent rapidement : le plan de table, le positionnement des élus par rapport à la présidence - la direction de l’entreprise - ne relève jamais du hasard et constitue un élément déterminant du déroulement des débats. La conflictualité naturelle imposée par les sujets traités suppose un positionnement respectif a minima en face à face, car il est bien difficile d’affronter pleinement quelqu’un à côté de qui on est assis, sans ressentir en permanence un désir de quart de tour.

Dans les entreprises multi-établissements, l’employeur est légalement contraint de mettre en place un comité central d’entreprise (CCE). Au début de la décennie 90, beaucoup d’entre elles s’équipent de salles de visioconférence. Les employeurs y perçoivent une évidente opportunité de réduction des coûts : là où chaque séance plénière pouvait générer jusqu’à plusieurs millie