Pendant deux décennies, les meilleurs étudiants en science ont souvent été absorbés par la finance. Or personne n’a encore remplacé (même si certains la contestent) la fameuse équation économique : sans ingénieurs, pas d’innovation, pas de gains de productivité et pas de réserve de croissance économique. La crise prend des visages variés selon les pays : ici c’est la quantité qui fait défaut, là c’est la qualité.

Presque tous les pays occidentaux ressentent un manque cruel d’ingénieurs et redoutent la disparition de « l’esprit bâtisseur ». L’Allemagne, le Danemark ou le Royaume-Uni font partie des pays qui alertent régulièrement leur opinion sur les risques de la pente actuelle. Les pays en développement sont également inquiets. En Afrique sub-saharienne, alertait l’Unesco en 2010, il faudrait 2,5 millions de nouveaux ingénieurs et techniciens pour atteindre en 2015 les « objectifs du millénaire » concernant l’accès à l’eau et la qualité de l’hygiène publique. Certes, la Chine, l’Inde et la Corée du Sud affichent des statistiques triomphales sur la progression de leur population de diplômés, tout comme certains pays d’Europe centrale, comme la Pologne. Des émergents de second rang, comme le Mexique ou la Turquie, commencent aussi à combler leur retard. Mais si l’on considère l’ensemble de la planète, le déficit d’ingénieurs semble bien réel.

L’esprit bâtisseur en danger ?

D’où vient ce déficit ? Il s’inscrit tout d’abord dans un manque d’attractivité de l’ensemble des professions scientifiques, et avec elles d’études perçues comme difficiles, arides et peu prometteuses en termes de rémunération. Cette crise des vocations prend des proportions préoccupantes dans les pays développés. L’enquête européenne ROSE (Relevance Of Science Education