Le dernier livre d’Hubert Védrine (*) est, sans surprise, réaliste, insistant sur les fragilités internes de l’Union : le Traité de Maastricht adopté à une courte majorité, le rejet du Traité constitutionnel, la ratification du Traité de Lisbonne sans référendum, le Brexit... Et l’ancien ministre qualifie l’élargissement en 2004 de « carambolage fatal entre la relance de l’intégration européenne et la vague de dérégulation mondiale ». L’Union européenne est un organisme affaibli. Face à cette crise « existentielle », de mauvaises réponses sont mises en avant par les « européistes » : fuite en avant institutionnelle, « furie normalisatrice » des promoteurs de la codécision, la priorité donnée à relancer l’Europe sur des bases inchangées. Il convient au contraire de rétablir le lien entre les élites, le projet d’intégration et les populations. Et, pour cela, entreprendre une « authentique diète normative avec une subsidiarité massive et drastique ». H. Védrine précise qu’« il ne faut plus parler d’un abandon supplémentaire de souveraineté mais d’un exercice en commun ».

Et convenir d’une suspension provisoire de tout élargissement, une pause pour écouter les peuples, renouer les contacts avec les sceptiques, les détacher des idéologues anti-européens. Il avance une méthode fondée sur un triptyque. La pause, une conférence qui aurait pour objet de fixer les contours d’une nouvelle subsidiarité, la refondation : « le projet européen ne consiste pas à nous en remettre à l’Europe par fatigue historique, lâcheté ou dogmatisme mais, à rassembler collectivement nos forces » et notamment, comme il le plaide régulièrement, à développer une Europe des projets. S’agissant de l’Europe sociale, il considère souhaitable de parvenir à une harmonisation générale sur quelques principes de base mais le cadre pertinent, selon lui, de la politique et du dialogue social doit demeurer l’Etat-nation. Au final, un livre accessible, qui pourfend les « européistes et fédéralistes » e