Ce tome 2 de «petit traité de droit du travail»1 est consacré aux relations du travail et s’interroge sur la démocratie dans l’entreprise. En conclusion Jacques Le Goff appelle à un renouveau de la démocratie sociale dans l’entreprise. Pour l’auteur, celle-ci «reposait sur trois grands piliers : une technique, la démocratie représentative toujours en tension avec l’aspiration à la démocratie directe ; un système d’acteurs collectifs chargé d’opérer la rationalisation du jeu social par coagulation clarificatrice des positions et stratégies respectives des agents, un espace d’action homogène par la vertu d’un dispositif mormatif légal et conventionnel central à visée uniformatrice». Mais la mécanique représentative est enrayée et l’acteur syndical est dans la tourmente tandis que l’approche managériale passe du macro au micro social.

Pour la démocratie sociale au XXIe siècle, Jacques Le Goff appelle à resocialiser, réinstituer, réunifier.

Le social n’est pas mort - il ne peut pas mourir. Mais «à la faveur du double mouvement d’individualisation et de pacification, ce modèle (de l’identité collective) a perdu de sa pertinence pour céder place à un nouveau social non plus transcendant sur le mode du surplomb mais immanent au sein duquel chaque individu réclame le droit d’être reconnu dans son irréductible singularité». En bref, il s’agit de mettre l’individu au centre des préoccupations de l’organisation collective.

Le retour à l’entreprise est nécessaire, même s’il faut être conscient des risques afférents : que se développe le «corporatisme géographique» et que l’entreprise soit le lieu par excellence de la négociation collective. Face à l’éclatement organisationnel, le regroupement syndical - sans même parler d’unification syndicale - ne pourra se faire que par l’action de l’État : le financement public a pour effet l’aggravation de la situation. Si les syndicats sont obligés de chercher des ressources chez les adhérents, ils devront élargir leur base et se rapprocher.

En conclusion, Jacques Le Goff proclame que «la force de la démocratie sociale pourrait naître de son actuelle langueur». A suivre !

1 : Voir note de lecture du tome 1 dans Cadres CFDT n° 397, décembre 2001