Cadres des années 80

[…] Les cadres aujourd’hui sont confrontés à l’incertitude. Devant les orientations actuelles de la politique économique, ils ont le sentiment d’être « lâchés », et par le gouvernement qui leur demande des sacrifices non exigés d’autres catégories aussi privilégiées (souvent plus) ; et par le patronat, qui ne leur assure plus le minimum de carrière, et brade ce « potentiel intellectuel » tant adulé hier encore. Il y a donc à la fois perte d’une position sociale et perte de sens de sa fonction, de son métier. La possibilité, a fortiori l’expérience, du chômage est la marque évidente de cette cassure. Les cadres sont donc spontanément attentifs à tout ce qui concerne d’une part la politique des revenus, des salaires, des patrimoines, d’autre part les plans de carrière, les nouvelles définitions des fonctions, des conditions de travail et du temps de travail1. Le patronat n’a guère donné suite à ses promesses de décentralisation et d’humanisation du travail faites en 1977. En revanche, il conjugue aujourd’hui des exigences productivistes avec une déqualification croissante, l’individualisation accrue des salaires, et des définitions de contrats de plus en plus draconiennes, notamment en matière de mobilité. Le durcissement d’un certain patronat, tel qu’on l’a vu chez Alsthom et tel que le vérifient les organismes d’accueil des cadres au chômage, son peu d’empressement à faire avancer quelques dossiers sociaux majeurs, imposent des réponses fermes, quitte à être ponctuelles et centrées sur des objectifs limités.

[…] L’action syndicale des années 80 nécessitera la mobilisation de toutes les énergies, pour répondre aux problèmes essentiels d’une société en mutation profonde. Trois terrains seront déterminants : les inégalités de revenus, de salaires ; la réduction des distances sociales restera