La CFDT Cadres a fait appel en 2006/2008 à des historiens et sociologues pour engager deux années de travaux de recherche qui ont permis de commémorer les quarante années de l’Union. Un travail complété par la constitution d’archives orales retranscrites en interrogeant environ quarante acteurs des années passées1. Les travaux réalisés, assumant le choix d’une approche thématique font apparaître les lignes de force qui structurent son action depuis 1967, dans le prolongement de celle de la FFSIC fondée en 1944.

La première continuité est sans doute l’affirmation d’une responsabilité sociale et sociétale. Loin de s’isoler, les cadres CFDT placent leur fonction sous le signe d’une attention à leur environnement de travail bien sûr mais aussi social et naturel. Cette conscience vive des conséquences de leurs décisions est d’ailleurs l’une des raisons de la curiosité des cadres CFDT pour le monde qui les entoure, et du travail intellectuel mené pour comprendre ce monde. La volonté de comprendre va de pair avec l’ambition de faire advenir les décisions les meilleures, les plus justes. Ce souci de justice est le deuxième fil rouge. Cela vaut bien sûr au niveau individuel, avec une attention durable aux questions éthiques, aux problèmes du discernement mais aussi aux marges de manœuvre qui permettent à un cadre d’assumer correctement ses fonctions. Cela vaut aussi sur les questions plus larges de la gouvernance des organisations ou de la décision publique.

De la pensée autogestionnaire, la CFDT Cadres a conservé une interrogation constante des pouvoirs, scrutés, mis en question, évalués dans leur légitimité et leur fonctionnement. Cela valait hier pour les abus de toutes sortes. Cela vaut aujourd’hui quand le pouvoir prend l’apparence technique, presque scientifique, des outils de gestion. Mais le souci de justice nous amène aussi à nous méfier des mises en