La prévisible absence de décisions au sommet de Durban sur le changement climatique s’est révélée exacte : même la mise en place d’un fonds vert de 100 milliards de dollars par an a été repoussée à 2013. Dans l’attente d’un cinquième rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’avenir du climat (GIEC) qui ne manquera pas de souligner que nous émettrons d’ici 2020 entre 15 et 20% de gaz à effet de serre en trop pour limiter le réchauffement à deux degrés à la fin de ce siècle, il convient de signaler des ouvrages utiles qui malheureusement ne font pas les unes de presse car ils s’éloignent du prêt-à-penser servi quotidiennement.

Le réchauffement climatique et l’épuisement des énergies fossiles sont des sujets majeurs de ce début de XXIième siècle et les ingénieurs de l’Institut français du pétrole (IFP) en sont bien conscients. Cet ouvrage du directeur du développement durable de l’IFP examine le contexte planétaire du climat et de l’énergie à partir duquel nous pourrions amorcer une transition énergétique. Après avoir rappelé la place qu’occupe l’énergie dans une économie mondialisée, l’ouvrage établit, à partir des fondamentaux de la demande et des ressources prouvées en énergie, un diagnostic sans complaisance des risques d’un dérèglement du climat que notre dépendance actuelle aux énergies fossiles fait peser sur le développement économique et social des générations futures.

Comment amorcer une indispensable transition énergétique ? Les pistes ne manquent pas pour réduire la consommation énergétique mais encore faut-il avoir la volonté politique d’engager résolument nos efforts de recherche et de développement dans cette voie. En effet pour sortir de l’incantation et réduire significativement le contenu carbone de l’énergie, il faut abaisser le coût de la tonne-équivalent-pétrole des énergies alternatives pour nous permettre de rééquilibrer réellement notre mix-énergétique très dépendant de la filière nucléaire dont les coûts de production vont augmenter du fait du vieillissement du parc installé, et du passage à une nouvelle génération de réacteurs.

Tout d’abord, il nous faut réduire la consommation d’énergie en protégeant l’environnement, préconise Alexandre Rojey. Compte-tenu du virage à 180° récemment opéré par le gouvernement français sur l’environnement, notre glissade s’accentue et la pente sera d’autant plus rude à remonter.

Certes, il nous faut apprendre à maîtriser nos approvisionnements en énergie fossile, mais le sentier est étroit car il convient de ne pas trop déprimer l’activité économique et d’éviter une flambée du chômage. Nous pourrions capter et stocker le CO2. De bonnes idées… mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres, car il reste à développer des filières industrielles pour les mettre en œuvre à une échelle au moins européenne. Les exemples du solaire et de l’éolien démontrent qu’acquérir la maîtrise du développement de ces filières ne va pas de soi, même si un certain nombre de technologies dont l’éolien s’avèrent désormais matures.

Pour toutes ces thématiques explorées, l’ouvrage tente de dresser honnêtement un bilan, identifie les pistes de recherche et propose des perspectives d’évolution susceptibles d’amorcer puis de réaliser notre transition énergétique. Certaines équipes de recherche où coopèrent énergéticiens, économistes et sociologues, travaillent sur des scénarios associant innovations technologiques et évolution de nos modes de vie, mais aurons-nous la volonté de nous emparer collectivement de ces contradictions pour formuler un projet politique durablement fondé sur un développement économique écologiquement soutenable et une société moins inégalitaire ?