Pour préparer le colloque du 2 décembre 2009, l’Observatoire des cadres s’est appuyé sur les témoignages recueillis par dix équipes syndicales de la CFDT, majoritairement au sein de grands groupes industriels. Ces récits de « la crise vue de l’intérieur » révèlent que pour certains cadres, la récession peut jouer un rôle de révélateur, leur faisant prendre conscience de l’incohérence ou des injustices induites par le management des grandes entreprises.

Mais cela ne signifie pas automatiquement une moindre implication dans leur propre travail ou un engagement critique, en raison des dimensions multiples du rapport subjectif au travail et du poids des facteurs personnels et contextuels dans le militantisme syndical.

Cette confrontation d’expériences a tout d’abord permis de rappeler la diversité des secteurs et des entreprises au cœur même de la récession, avec de grands groupes industriels lancés dans des programmes de désindustrialisation et de délocalisations depuis des années, qui touchent désormais même des activités d’ingénierie (R&D, informatique), alors que d’autres secteurs semblent plus stables comme la grande distribution ou les banques et assurances.

Si tous les cadres se sentent fragilisés dans cette période de crise, les emplois d’ingénieurs et de cadres restent plus protégés que ceux des non-cadres, en partie parce qu’ils sont encore peu en CDD ou en intérim. En revanche, les salaires des cadres ont souvent été revus à la baisse, la contraction des marchés internes exacerbant les différenciations internes au sein des cadres. Ces réorganisations, et parfois ces restructurations, entraînent-elles une « crise de confiance », voire un certain désengagement des cadres vis-à-vis de leur travail ?

Une défiance nouvelle envers les dirigeants qui restructurent