Parmi les nombreux paradoxes de l’innovation il en est un qui concerne les ingénieurs ou plus généralement toute personne accomplissant des tâches de manière plutôt rationnelle et systématique. Dans le cadre de cet article qui concerne l’innovation, le mot « ingénieur » sera plutôt utilisé pour désigner l’archétype du concepteur que l’on trouve dans des services de développement, de bureau d’études, mais aussi dans les départements marketing. A ce titre le chef produit qui doit concevoir un nouveau produit ou une nouvelle offre sera assimilé à un ingénieur s’il en utilise la démarche rationnelle et méthodique. Plus généralement, l’ingénieur pourra représenter la partie de chacun d’entre nous qui, dans certaines occasions, peut être amenée à concevoir une chose nouvelle, de manière assez systématique et organisée. Cette définition étant posée, le paradoxe évoqué ci-dessus, est que les ingénieurs, à qui on confie très souvent le rôle d’innover, seraient les moins bien préparés à accomplir certaines des tâches de l’innovateur !

Deux types d’innovation

Traditionnellement, on distingue deux types d’innovation. Les premières sont les innovations radicales, qui introduisent une rupture. Les deuxièmes - de loin les plus nombreuses - sont les innovations incrémentales qui sont des évolutions, des déclinaisons, plus ou moins attendues des précédentes. Ces dernières permettent de suivre la concurrence afin de ne pas se faire distancer. Elles permettent d’assurer la survie de l’entreprise et en ce sens elles sont nécessaires mais elles ne permettent pas de « prendre le large ». En revanche, les premières sont celles qui génèrent la croissance, les profits et les parts de marché, sous réserve, bien sûr, qu’elles réussissent.

Ces deux types d’innovation nécessitent des modes de management tout à f