L’idée d’enseigner le management alternatif à HEC n’allait pas de soi à l’origine. Comment s’est construit le projet ?

Ève Chiapello. C’est d’abord une question de sensibilité et de conviction. À titre personnel, je ressens de l’inquiétude face aux graves dysfonctionnements de notre modèle de développement économique : accroissement des inégalités sociales, problèmes environnementaux lourds...

En tant que formateurs de manageurs de demain, nous ne pouvons rester les bras croisés : nous devons équiper les étudiants de démarches particulières, pluraliser leur vision des pratiques de gestion, leur ouvrir au maximum le champ des possibles.

En tant que chercheur, je suis convaincue que l’histoire du management s’est construite sur la remise en cause permanente. Nous assistons aujourd’hui à une prolifération d’initiatives et de propositions destinées à changer le monde – ce que j’appelle la reconstitution d’une nébuleuse réformatrice.

La notion de développement durable est un symptôme de cette situation : peu connue il y a cinq ans, elle tient désormais le devant de la scène ! Il faut brancher nos étudiants sur ce bouillonnement d’idées nouvelles. C’est aussi une stratégie pour l’école, qui l’a compris : il est essentiel pour HEC de participer à cette nébuleuse et d’imaginer le « coup d’après ».

Karim Medjad. En tant que praticien du droit dans des pays dits « en transition », j’ai participé à de nombreuses réformes juridiques. La pauvreté des modèles disponibles – toujours les mêmes, partout dans le monde – m’a poussé à rechercher des modèles alternatifs et parfois, lorsque j’en avais la possibilité, à les protéger face aux velléités éradicatrices de la communauté internationale. En tant que chercheur, j’ai également sub