Quels sont les grands enjeux de la négociation sur les retraites complémentaires ?

Avec la crise de 2008, les déficits sont plus importants que prévu. Le régime des retraites complémentaires, plus encore que le régime général, est confronté à un problème d’équilibre à moyen terme. Il est devenu urgent de trouver une solution.

Pour revenir à l’équilibre financier, il y a plusieurs manières de procéder : soit augmenter l’effort des actifs, soit baisser le niveau de pension des futurs retraités, ce qui revient à jouer sur le taux de cotisation et la valeur du point. Pour la première fois dans une négociation, en raison de ce contexte économique difficile, il a aussi été question de jouer sur la revalorisation des retraites liquidées.

Ces ajustements conjoncturels sont nécessaires mais ne doivent pas éluder un problème structurel plus grave : assurer la pérennité de notre régime des retraites. Pour maintenir le régime par répartition, nous avions proposé en 2008 avec Thomas Piketty un projet de réforme systémique des retraites qui reposerait sur la mise en place d’un système de comptes individuels de cotisation pour rendre le système plus lisible et plus juste.

Pouvez-vous nous présenter ce projet de réforme ?

Ce projet de réforme propose une refonte générale des régimes de pensions et leur remplacement par un système public et obligatoire, fondé sur des comptes individuels de cotisations et financé par répartition. Ce nouveau système, sur le modèle de la réforme mise en place en Suède entre 1994 et 2008, a l’avantage de mieux prendre en compte les carrières longues, de s’adapter progressivement à l’augmentation de l’espérance de vie, de permettre des retraites progressives et d’offrir des garanties solides à long terme sur le niveau des retraites, et ce pour l’ensemble