Une demande de démocratie participative émerge aujourd’hui, qui trouve une réponse quelque peu démagogique dans la promotion par certains politiques d’une « expertise citoyenne ». Les conférences de citoyens appartiennent-elles à ce mouvement ?

Si elles répondent en effet au besoin d’une plus grande participation, elles sont très éloignées du phénomène que vous évoquez. Les conférences de citoyens constituent un modèle très différent et bien plus complexe, dont le principe est la délibération. Non la juxtaposition ou la confrontation informelle des opinions comme on peut les rencontrer au café du commerce ou sur les forums Internet, mais la construction progressive et méthodique d’une opinion. La phase d’information est dès lors essentielle, de même que l’importance accordée aux procédures formelles de la délibération. On est très loin, ici, de la parole « spontanée » rêvée par les tenants de la démocratie directe, parole dont on sait bien qu’elle se prête à toutes les manipulations et ne permet guère d’identifier l’intérêt général. Aussi les conférences de citoyens se distinguent-elles des simples forums ou des enquêtes d’opinion par les résultats auxquels elles aboutissent, la qualité des opinions qu’elles produisent.

S’agit-il de recueillir une réflexion citoyenne déjà présente, pour lui permettre de s’exprimer ?

Pas exactement, car les conférences de citoyens s’attachent au contraire à réunir des citoyens lambda : certains ont un peu réfléchi à la question abordée, d’autre presque pas, et aucun n’est censé posséder une expertise a priori. Il faut donc distinguer les conférences de citoyens et les réunions entre représentants de la société civile organisée, associations ou autres, qui se rencontrent sur la base de discours déjà construits.

L’enjeu de la conférence de citoyen est plutôt de