Comment décide-t-on de prendre sa retraite, qu’est-ce qui est en jeu dans cette décision ? À partir d’une vaste série d’entretiens, Julie Christin pointe les zones de tensions vécues et formulées par les seniors. Avec des conclusions sans appel : le sentiment précoce de fin de vie professionnelle est beaucoup plus influencé par les politiques d’entreprise que par des facteurs personnels. Et la question des transitions est essentielle : car les questions que se posent les cadres à propos de leur retraite – quel rôle social, quelle activité, quelle valeur ai-je ? – sont très proches de celles qu’ils se posent au sein de l’entreprise, en fin de carrière.

Les cadres interrogés dans les enquêtes se déclarent souvent satisfaits de leur situation professionnelle. Y a-t-il sur ce point une spécificité des seniors ?

Ils sont nombreux à évoquer le sentiment d’accomplissement qu’ils retirent de leur travail. Mais il existe des points de tension, et ils le disent. Que déplorent-ils ? Moins des situations de plafonnements structurels que de contenu. Plus on estime que son travail n’offre ni défis ni satisfaction, qu’il n’est ni riche ni varié, que son emploi n’a pas changé de façon positive depuis longtemps, plus on s’estime insatisfait des missions ou responsabilités que son entreprise peut être amenée à proposer… et plus on estime pouvoir choisir de partir à la retraite. Si dans l’ensemble ils ne souffrent pas de mal-être au travail ni de débordements de rôle liés au travail, ils reconnaissent certaines surcharges et pointent aussi des ambiguïtés de leur rôle au travail. Ils perçoivent en général peu de difficultés dues à leur âge, mais évaluent plutôt négativement les politiques de gestion des fins de carrière et ne perçoivent que peu de soutien organisationnel.

Le sociologue Olivier Cousin note que les