On parle peu des chercheurs qui travaillent dans le privé. Que pouvez-vous nous dire de leurs effectifs ?

En 2002, le ministère de la Recherche recensait près de 100 000 chercheurs en entreprise, contre environ 11 000 au CNRS, ceci afin de vous donner une idée. Ce chiffre déjà important est en constante augmentation : au début des années 1990, ils étaient 65 000. Les chercheurs représentent la moitié des effectifs de la R&D, mais il existe une grande disparité en fonction des secteurs : ils sont particulièrement nombreux, par exemple, dans le secteur des télécommunications. 10 000 doctorants soutiennent leur thèse chaque année, dont un peu plus de 6000 en sciences ; à quoi on peut ajouter les 23 000 ingénieurs qui obtiennent leur diplôme. Le système universitaire produit toujours plus de diplômés, sans avoir les moyens d’offrir une carrière aux doctorants, ni même un financement pour leurs études ; ceux-ci, qui se sont souvent imaginés faire carrière au CNRS ou à l’université au début de leurs études, se tournent donc naturellement vers le privé, qui offre à la fois des emplois et des promesses de carrière.

Y a-t-il un profil particulier du jeune docteur recruté dans le privé ?

Rappelons déjà que tous les chercheurs ne sont pas docteurs, notamment dans certains secteurs comme la chimie. Il faut ensuite distinguer le chercheur très spécialisé, qui a été recruté sur sa thèse, et celui qui a eu la chance de faire partie d’un « vivier », à la sortie d’une école. Le premier est généralement passé par l’université, le second a toutes les chances d’être un ingénieur qui a fait une thèse. Pour les uns comme pour les autres, la voie royale reste la Cifre (Convention industrielle de formation par la recherche), un dispositif créé