La montée du stress et des tensions organisationnelles est généralement imputée à la course aux résultats, au « nouveau productivisme » décrit par Philippe Askenazy, ou encore à la pression désormais tangible de la concurrence globale sur un certain nombre de secteurs et de métiers. Pour votre part, vous mettez en évidence l’existence d’un phénomène plus franco-français : le « malaise » actuel du monde du travail s’expliquerait par la mauvaise qualité des relations managériales. Pourriez-vous préciser cette idée ?

La première chose à bien comprendre, c’est qu’il n’y a pas de disparition de l’envie de travailler. La crise du travail vient surtout, de la crise de confiance, particulièrement forte en France, entre employés et employeurs.

Cela se voit au niveau national, avec un dialogue social difficile, et au sein des entreprises, où les relations hiérarchiques sont mal vécues et où on perd trop de temps en querelles intestines. Parmi les vingt pays les plus industrialisés, la France est celui qui, avec la Grèce, a le taux de satisfaction au travail le plus faible. La France est aussi le pays où le degré de confiance entre managers et employés est le plus mauvais. Selon une enquête auprès des managers (Global Competitiveness Report 2004), lorsqu’on pose la question : « Les relations entre employés et employeurs sont-elles conflictuelles ou coopératives ? », la France arrive 99e sur 102 pays. Seuls le Venezuela, le Nigeria et Trinidad font pire.

Faut-il alors revoir à la baisse les effets supposés de la mondialisation sur le monde du travail ?

C’est un peu comme dans le débat sur l’euro. D’un côté, il est indéniable que l’appréciation de l’euro fragilise les exportations européennes. Mais le niveau de l’euro est le même pour tous les pays européens, do