L’ancien Commissariat au Plan était marqué par deux traits : la place des partenaires sociaux, et une méthodologie associée à la culture technocratique de la planification, caractéristique des années 1960. Comment le Centre d’analyse stratégique se situe-t-il par rapport à cette double tradition ?

Le CAS n’a pas repris la tradition de concertation entre la haute administration publique et les partenaires sociaux, en partie parce que d’autres structures l’assument désormais : on peut penser au Conseil d’orientation des retraites (COR), ou plus récemment au Conseil d’orientation de l’emploi (COE). Ce sont des structures plus légères, même si le COR a une dimension plus institutionnelle que le COE, ce qui va de pair avec une plus grande technicité de ses sujets ; elles fonctionnent en mode projet, même si une partie des chargés de missions et des fonctionnaires sont là à titre permanent.

Dès la fin des années 1980, le Plan a cessé de faire de la planification. Mais du fait de son histoire, de son prestige, de l’autonomie de ses moyens, il jouait un rôle de réseau au sein de la haute fonction publique d’expertise. Cette dimension-là s’est perdue au moment où le Premier ministre Dominique de Villepin a transformé le Plan en CAS. L’idée de cette réforme était de ramener la structure dans les services du Premier ministre.

Mais on peut observer que le diagnostic stratégique « France 2025 » sur lequel le Centre d’analyse stratégique a travaillé depuis un an a vu des représentants des partenaires sociaux siéger dans la commission plénière, au côté de Parlementaires notamment, et que par ailleurs via les 350 experts sollicités, en particulier au sein des différents ministères, le CAS a retrouvé cette fonction de réseau. Reste à savoir si cela sera pérenne.

Au début du quinquennat, certains acteurs