• La rédaction :Y a-t-il des femmes cadres dans les entreprises sur lesquelles vous avez travaillé en Asie ?

• Monique Sélim : J’ai effectué il y a dix ans une enquête ethnologique dans la filiale bangladeshie d’une multinationale américaine pharmaceutique. Il s’agissait d’une usine de cinq cents personnes, dont une trentaine de cadres et parmi ceux-ci une seule femme. Originaire de la très grande bourgeoisie, très éduquée, âgée d’une trentaine d’années et célibataire sans enfants, elle vivait dans un isolement très pénible.

Sa situation était assez significative des rapports entre les sexes au Bangladesh. Sur le plan politique, il existe depuis longtemps des quotas, sur le modèle indien, ce qui entraîne la présence d’environ 30 % de femmes à l’Assemblée Nationale. Il existe dans le pays une conscience forte qu’il faut donner leur place aux femmes. En même temps, c’est un pays musulman. Nous croyons souvent en Occident que l’Islam est le refoulement des femmes mais c’est aussi absurde que d’expliquer la faible place des femmes en politique en France par la religion catholique.

Bangladesh : réislamisation et émancipation des femmes

Le Bangladesh est traversé à la fois par un courant de réislamisation et par des forces pour l’émancipation des femmes. Le Bengale était l’ancien foyer intellectuel du sous-continent indien. L’islamisme politique le plus dur a échoué partout, y compris au Bangladesh. Le pays est entraîné dans l’internationalisation. Les ONG sont présentes depuis très longtemps, elles montent des programmes à destination des femmes des milieux ruraux.

L’Islam est un enjeu politique qui touche les femmes et les hommes, il est repris diversement par les différentes couches sociales et même à l’intérieur de la même couche sociale. Dans la couc