Parler de la formation des hauts fonctionnaires conduit inévitablement à traiter de l’ENA tant la place de cette école structure symboliquement le débat sur la haute fonction publique. Pourtant, réfléchir à l’amélioration de la formation des cadres supérieurs des administrations publiques ne peut se limiter à mettre l’ENA à la question. La France dispose d’un réseau important d’écoles et d’institutions qui concourent à former l’encadrement supérieur de l’Etat et des collectivités publiques : l’ENA et les instituts régionaux d’administration publique mais aussi les écoles d’application de Polytechnique, l’école nationale de la santé publique, l’école nationale de la magistrature, le Centre national de la Fonction publique territoriale, les diverses écoles et centres de formation ministériels et, à la périphérie des fonctions publiques, le Centre national d’études sociales. Faire évoluer le recrutement et la formation en cohérence avec la modernisation des missions et de l’organisation de l’Etat suppose d’interroger l’ensemble de ce système et pas seulement sa face la plus visible et la plus porteuse d’enjeux politiques et symboliques. Sans doute cette approche plus large est-elle d’ailleurs, une condition de réussite d’une réforme de l’ENA elle-même.

Trois constats : reproduction des élites, logique de corps, hégémonie de la formation initiale

  • La formation et le recrutement des hauts fonctionnaires contribue trop souvent à la reproduction des élites. Au-delà des constats récurrents sur la concentration des étudiants accédant à l’ENA dans les catégories socioprofessionnelles supérieures et sur le déséquilibre Paris/Province, on ne peut que déplorer que le phénomène soit encore accentué par le classement de sortie qui relègue la grande majorité des élèves issus du concours i