La presse nationale prend des positions différentes selon les titres : la Tribune a parlé de “réconciliation” des cadres et de l’entreprise, alors que le Nouvel Economiste a parlé de “divorce”. Qu’est-ce que l’entreprise ? les actionnaires, le dirigeant, les salariés, les produits, les marchés ? C’est à la fois chaque élément et l’ensemble qu’ils forment…

Les cadres ont pris de la distance vis-à-vis de l’entreprise. Cela est dû à la perte de crédit d'un discours sur l’entreprise qui était fortement marqué dans les années 1970-1980 par l’appartenance. La logique d’appartenance est vue maintenant comme une logique de dépendance. Les demandeurs d’emploi de plus de 45 ans éprouvent le sentiment d'avoir été floués. Les plus jeunes, ceux de trente à trente-cinq ans, ont le sentiment, eux, de s’être trompés, ils pensent que l’entreprise n’est pas faite pour eux.

Il convient de garder à l'esprit que la notion de cadre a souvent été appréhendée en termes d'enjeux politiques, par exemple dans les débats sur les classes sociales. Etre cadre était ressenti comme être du côté du patronat plutôt que du côté des salariés.

Ces deux discours ont perdu du crédit par rapport au changement culturel, à l’émergence d’un nouveau modèle sociétal, à l’influence du chômage et à l’influence des modes de management. Etre cadre devient moins une fonction d’autorité.

Quelles sont les réponses à ces transformations ? La reconstruction identitaire se fait fortement sur des valeurs constitutives de la fonction exercée. Les relations positives ne sont pas le sentiment d’appartenance à l’entreprise mais l’investissement fort dans le métier et les missions qui sont celles du cadre. Cela implique une logique de négociation. Les critères d’engagement sont la rémunération bien sûr, l’intérêt des missions, la très forte demande d’équilibre entre la vie profess