Le Plan Real a tué l'hyper-inflation et a porté son artisan au pouvoir. Il joue aussi un rôle majeur dans l'insertion du Brésil dans ce qu'il est convenu d'appeler la mondialisation.

Un pays sans monnaie

Le Brésil a été pendant un demi-siècle, et quel que soit son régime politique, le pays de l'inflation. La hausse des prix se situait entre 10 et 100 % par an de 1944 à 1982 puis elle s'est encore accélérée, pour dépasser 1 700 % en 1989 et bien plus en 1993 (3 000 ou 5 000 % selon les indices). Et en 1995 on est revenu à un taux annuel à deux chiffres, en 1996 à un seul.

L'inflation était auto-entretenue par un phénomène d'indexation des prix les uns sur les autres. « Aucun autre pays n'a connu une plus longue période d'inflation élevée et chronique et n'a été aussi loin que le Brésil en ce qui concerne l'indexation de son économie. Une sorte de cercle vicieux s'était ainsi créé, dans lequel l'inflation était alimentée par les performances précédentes. Puisque les contrats étaient ajustés selon différents indices et non pas d'une manière synchronisée, il y avait toujours un déséquilibre des prix relatifs et, par conséquent, une forte pression inflationniste. Ce phénomène est connu sous le nom d'« inflation inertielle » 1 ».

La devise brésilienne « fondait » à un tel rythme qu'elle ne remplissait plus les fonctions d'une monnaie, qui sont mesure de la valeur, instrument d'échange et réserve de valeur, puisque les prix dépendaient les uns des autres et qu'on ne pouvait pas épargner. Mais l'économie et la société brésiliennes avaient mis en place des instruments de compensation. D'une part en mettant des béquilles à l