Le suivi de santé de la population potentiellement concernée par l’exposition professionnelle aux pesticides constitue à la fois un enjeu en matière de santé publique parce que les situations d’exposition sont susceptibles de révéler sur la pathogénicité de ces produits, et un défi statistique car cette population à risque doit être repérée parmi 1,79 million de personnes ayant une activité régulière en agriculture1.

Sur la liste des tableaux de maladies professionnelles du régime général et du régime agricole publiés conjointement par l’INRS2 et la Mutualité sociale agricole, les pesticides sont incriminés comme responsables de la maladie de Parkinson et de lymphome. Les solvants sont responsables d’accidents nerveux aigus et de porphyrie cutanée. Des herbicides et des insecticides organophosphorés viennent d’être classés comme cancérigènes probables ou possibles. Il s’agit de produits très utilisés et pas seulement par des professionnels3.

Face à ces risques, il s’avère indispensable afin d’orienter l’action publique en matière de prévention de réaliser régulièrement des expertises scientifiques pour faire le point des connaissances disponibles sur les pathologies recensées mais aussi sur les populations exposées pour mieux caractériser les processus de contamination.

Le travail d’inventaire réalisé par l’expertise collective au sein de l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire nationale (Anses) révèle l’étendue de notre méconnaissance sur les populations potentiellement exposées. À l’issue d’une période de cinq années de travaux, les conclusions font ressortir le manque cruel de données relatives sur les expositions aux pesticides des personnes travaillant dans l’agriculture4. En ce qui concerne l’exi