À tous points de vue, les conseillers financiers du groupe La Poste sont dotés de ce que je propose d’appeler un « statut de cadre en trompe-l’œil ». Ce statut n’est rattaché à aucune fonction d’encadrement réelle et, c’est la véritable spécificité de ce groupe, ils ne disposent de presque aucun des attributs traditionnels du cadre. On peut alors se demander quelle est la signification de l’accès de ces salariés, experts financiers, au statut de cadre ; c’est ce que j’ai tenté de faire avec une enquête de terrain menée dans des bureaux de Poste à Paris et en province, sur la base d’entretiens, de questionnaires et d’observations.

À la frontière de la catégorie cadres

Le conseiller financier de la Poste a d’abord été un simple agent du bureau de poste avant de se différencier de ses collègues et de se rapprocher de sa hiérarchie par le biais de l’obtention du statut de « cadre professionnel » mis en place en 2000. Cette évolution statutaire atteste l’importance accrue des services financiers au sein du groupe.

Il faut rappeler que les activités financières existaient déjà quand La Poste était encore une administration d’État, avant la réforme institutionnelle de 1990. Le conseil financier était une des fonctions dévolues au receveur dans les années 1950-60 avant de prendre de l’ampleur au point de devenir une position officieuse pour un des agents du bureau de poste à la fin des années 1970. Une première reconnaissance officielle de l’administration a lieu en 1984, quand est créé le conseiller postal et financier (copofi). Jusqu’en 1991, le conseiller financier est présenté en sa qualité de technicien et de spécialiste des placements financiers mais statutairement, il n’existe que comme un agent du bureau de poste.

C’est dans le cadre de la réforme de 1990&nb