Quelles sont les pratiques concrètes mobilisées pour entrer en contact avec les salariés des petites entreprises ?

Frédéric Rey. Contrairement aux grandes entreprises qui concentrent en leur sein un bon nombre de salariés et qui, du fait de leur taille, sont dotées d’institutions représentatives du personnel et de moyens plus importants, les petites structures sont dispersées dans l’espace. Elles sont, la plupart du temps, privées de moyens permettant de tisser des liens entre leurs salariés et, par conséquent, de créer des collectifs. Face à la dispersion des petites entreprises et au nombre limité de militants de l’autre, le problème des collectifs locaux fait souvent des petites entreprises un vrai défi syndical.

Dans notre étude parue il y a deux ans1, nous avons focalisé notre attention sur quatre démarches : les opérations de rencontre dans la rue, sur les places des centres-villes et dans les entreprises ; les lieux d’accueil où les militants reçoivent des salariés ; la négociation des protocoles préélectoraux qui est l’occasion d’aller dans les petites entreprises ; le dialogue social territorial à travers les commissions paritaires régionales interprofessionnelles de l’artisanat (CPRIA). Il y a ainsi des pratiques formelles ou informelles, dans l’entreprise ou à l’extérieur.

Pourquoi les opérations de rencontre sont-elles devenues stratégiques ?

F. R. Comment « aller sur le terrain » quand il n’y a pas de section syndicale ? Si la démarche dite « de proximité » devient aujourd’hui une des orientations principales qui structurent les pratiques de la CFDT, c’est parce qu’elle est comprise comme un moyen privilégié d’apprendre le vécu des salariés au travail, de réactualiser la connaissance du terrain, d’avancer les revendications plus