Une population ciblée

Non seulement les licenciements économiques coûtent cher, mais de surcroît ils donnent mauvaise réputation. Plus discrets, souvent moins onéreux, les licenciements pour faute lourde sont une alternative dont certaines entreprises ont vite reconnu les avantages.

Quelques exemples pour commencer. La cinquantaine expérimentée, cet ancien commercial a consacré les deux dernières années à monter un service, qui tourne bien à présent. Si bien, même, que la direction s’aperçoit qu’il pourrait tourner sans son chef : pourquoi ne pas le remplacer par quelqu’un de plus jeune, qui coûtera moins cher ? Et pourquoi perdre du temps à essayer de lui trouver une nouvelle mission ?

Ailleurs, c’est une antenne locale dont l’entreprise cherche à se débarrasser : au lieu de la fermer brutalement, il est possible de procéder à une quinzaine de licenciements pour motif personnel, en jouant par exemple sur des fautes qui consisteront à ne pas avoir réalisé son chiffre d’affaire. Rien de plus facile, lorsqu’on court-circuite les circuits commerciaux, et que la clientèle est dirigée ailleurs.

Pour se débarrasser d’un cadre, la méthode la plus efficace consiste d’ailleurs à revoir ses objectifs à la hausse, tout en lui retirant les moyens de les réaliser.

Il y a aussi les faux cas de harcèlement, une méthode d’autant plus regrettable qu’elle contribue à jeter le doute sur les vrais cas, quand ils existent.

Bref, depuis quelques années, dans le cadre de l’accueil que nous assurons à la CFDT Cadres, nous assistons à une montée en puissance des licenciements économiques déguisés, qui sous le motif invoqué ne cachent, pour employer les termes consacrés, aucune « cause réelle et sérieuse ». On voit aussi de plus en plus d’entreprises qui jouent sur la dégradation des conditions de travail d’un cadr