Avec les transformations dues au chômage et à l’exclusion, une réflexion s’imposait sur la recomposition des rapports entre économie et société. C’est ce que nous soumet la première partie du livre, proposant l’hypothèse de l’actualité d’une économie solidaire.

Ces économies solidaires sont ensuite étudiées dans trois pays de contexte différent. D’abord aux Etats-Unis, où le third sector, secteur associatif, tente de revitaliser les quartiers en difficulté grâce aux Community Development Corporations (CDC). Puis le cas du Québec est étudié. La solidarité sociale mise en œuvre à travers l’action économique est issue d’une tradition nationale ancienne : il suffit de se référer aux caisses populaires d’épargne qui sont apparues dès le début du siècle et qui ont évolué vers la constitution d’une importante organisation financière, ou aux coopératives, encore puissantes dans bien des domaines. Mais l’économie ne se réduit pas seulement au réseau coopératif. On retrouve, comme aux Etats-Unis, des organisations de développement économique communautaire. On observe au Québec de nombreux groupes d’entraide et de solidarité qui constituent le « mouvement populaire et communautaire ». Parmi ces groupes, il en est toujours davantage qui se considèrent comme des agents de développement économique autant que social. Le contexte chilien est totalement différent. En effet, le Chili est un pays dit « du Tiers-Monde ». Il est reconnu que la subsistance des secteurs les plus défavorisés des villes les plus pauvres est possible grâce à de multiples activités économiques développées par leurs habitants parallèlement aux circuits économiques dits « formels ». Au-delà de l’hétérogénéité de ces activités, des caractéristiques communes sont mises en lumière, reflets d’un mode d’organisation socioéconomique spécifique. Cette économie populaire joue un rôle essentiel dans la survie de la population et est un acteur privilégié de développement d’une économie solidaire.

Puis suit un chapitre qui s’interroge sur le fait que la crise de l’Etat-providence amène l’individu à se tourner vers la famille et le secteur « privé » (par opposition à public).

L’interaction entre les relations sociales et l’emploi apparaît comme déterminante des évolutions socio-économiques de long terme. La résolution de la « question sociale » passe aujourd’hui, d’après l’auteur, grâce à l’Etat, par l’émergence de nouvelles formes contractuelles qui se gèrent d’abord hors de l’entreprise. La réflexion menée ici sur la cohésion sociale et l’emploi en France est mise dans une perspective internationale, et comparée aux exemples du Québec et de l’Allemagne.

Enfin, que ce soient des mouvements populaires en Amérique latine, des mouvements communautaires en Amérique du Nord, des services solidaires en Europe (il n’est fait allusion ni à l’Asie, ni à l’Afrique), ces économies solidaires suscitent une réflexion sur la nature du lien social et les finalités de l’échange économique parce qu’elles proposent de réinscrire la solidarité au cœur de l’économie au lieu d’en corriger les effets selon les méthodes propres à l’Etat social.