Les entreprises artisanales sont relativement méconnues. On parle d’un monde artisan conçu implicitement comme un ensemble homogène. Mais nous savons peu de chose sur les pratiques et les besoins de ces entreprises atypiques qui représentent pourtant environ trois millions d’actifs et plus de cinq cents activités différentes. Les entreprises artisanales se distinguent en particulier par leur taille - il s’agit généralement d’entreprises de moins de dix salariés ou très petites entreprises (TPE) -, par leur organisation dominée par la figure du chef d’entreprise et par leur activité de métiers manuels.

Comme toute entreprise, les TPE sont confrontées à des problématiques de gestion de l’emploi et de compétences. Leur activité est centrée autour de l’exercice d’un métier ou de savoir-faire spécifiques. Le chef d’entreprise y assure un rôle de premier plan ; il cumule la détention des compétences propres au métier, la responsabilité personnelle et la maîtrise du processus de production. Il exerce implicitement une fonction de direction des ressources humaines en prenant les décisions relatives au recrutement et à la formation professionnelle.

Les TPE ont besoin de savoir-faire spécialisés et qui évoluent constamment. Aussi ont-elles recours à l’alternance (en particulier le contrat d’apprentissage) : au sein du monde artisan, on se forme à partir de l’expérience de travail. L’accès à une main-d’œuvre qualifiée est relativement réduit si on constate que ces entreprises sont ancrées dans un espace géographique circonscrit.

Certaine font ainsi face à une pénurie structurelle de compétences, voire de main-d’œuvre, en particulier dans le secteur du bâtiment et travaux publics. Une pénurie redoublée par les évolutions rapides de l’environnement (réglementaire, culturel, social…) qui transforment les métiers et les organisations.