En comparaison du secteur privé, les administrations se pensaient jusqu’à récemment comme un milieu de travail à l’abri des discriminations sexuées, en raison du statut des fonctionnaires de 1946 qui garantit l’absence de distinction entre hommes et femmes (art. 7) et instaure un système « méritocratique » de détermination du salaire et du déroulement de carrière (selon l’ancienneté et la notation) et « transparent » (sous le regard des syndicats via les Commissions Administratives Paritaires).

La présence précoce de femmes dans certains secteurs de l’action publique dès la fin du XIXème siècle (éducation, santé, action sociale), la levée progressive des verrous juridiques (concernant des formations supérieures ou des concours) suite aux mobilisations de femmes pour faire valoir leurs droits1, puis surtout la féminisation croissante jusqu’à la mixité des cadres A (elles composent 57% des titulaires en 2008) pouvaient faire croire à une « pente naturelle » vers toujours plus d’égalité.

Pourtant, les administrations sont loin d’être exemplaires que ce soit en termes de promotion ou d’égalité salariale. Encore fallait-il que des statistiques sexuées soient disponibles pour faire ce constat chiffré de la ségrégation verticale et horizontale au niveau des trois fonctions publiques, alors que les administrations n’étaient pas tenues de publier de rapports de situation comparée (à la différence des entreprises depuis la loi Roudy du 13 juillet 1983). Les années 2000 ont été marquées par un vrai rattrapage dans ce domaine du diagnostic chiffré, grâce à la loi sur l’égalité professionnelle du 9 mai 2001 et à l’impulsion de femmes ayant rédigé plusieurs études et rapports2, dans lequel s’inscrit le dernier rapport de la députée Françoise Guégot de janvi