À bien des égards, les résultats de la recherche-action sont caractéristiques de la faible visibilité des enjeux de l’égalité professionnelle dans les milieux de travail, au regard d’autres problématiques plus générales souvent perçues comme « asexuées » ou neutres.

Une prise de conscience faible et sélective

Les conditions de travail, le déroulement de carrière, l’évolution des métiers, la reconnaissance au travail, tous ces thèmes de revendication sont ressortis des enquêtes menées par les syndicalistes dans leur entreprise, sans que ne soit explicitement interrogée la dimension sexuée du travail et de l’emploi, à de rares exceptions près. Plus encore, alors que le protocole d’enquête construit avec les responsables syndicaux prévoyait un questionnement spécifique autour des inégalités sexuées, notamment autour des différentiels de carrière et de l’articulation des temps, très peu de « matériaux » d’enquête ont été rapportés ou discutés lors des séances de formation.

L’une des explications que l’on peut avancer pour comprendre cette sous-estimation des inégalités de sexe tient dans le caractère encore assez masculin des secteurs investigués (transport, informatique, automobile, armement) avec une forte prédominance des ingénieurs et des techniciens, y compris parmi les représentants syndicaux chargés de l’enquête.

Or comme le souligne une étude récente menée auprès d’une population d’ingénieurs (19e enquête CNISF-CEFI, Observatoire de l’emploi des ingénieurs diplômés, juin 2008), il semble que les personnes interrogées (majoritairement des hommes) soient à la fois favorables à la féminisation des métiers d’ingénieurs (mais plus réservés sur les conditions de sa réalisation) et en même temps peu concernés par cette question. Une grande majorité des répondants ne sait pas s’il existe de rappo