Le rapport salarial a considérablement évolué dans les vingt dernières années. Aujourd’hui, les stratégies de l’emploi consistent à arbitrer entre :

  • « l’emploi régulier, noyau dur de l’entreprise sous CDI qui ont vocation à faire carrière dans l’entreprise. C’est autour d’eux que demeure construit le droit du travail ;
  • l’emploi sous statut différencié qui regroupe toutes les populations liées à l’entreprise par un contrat de travail « atypique », qu’il s’agisse d’emplois à durée déterminée, à temps partiel ou intermittents ;
  • l’emploi extériorisé qui rassemble toutes les formules par lesquelles l’entreprise fait assumer certaines tâches par des populations qui ne lui sont pas liées par un contrat de travail mais par des rapports de droit commercial (agences d’intérim, indépendants, sous-traitants...) » .

Comme le notent J.E. Ray et Ph. Mousseron « entre ces trois groupes la césure n’est pas franche et l’on y verra plutôt une spirale que trois cercles concentriques ; bien des CDD et intérimaires ne sont, en réalité que de futurs CDI suivant une forme déguisée d’essai avant leur titularisation. On se gardera par ailleurs de croire que des catégories juridiques et des catégories sociales coïncident trait pour trait... »1.

La précarité ne recouvre pas uniquement les SDF. Des catégories de salariés qu’on pourrait croire prémunies contre ce risque s’y trouvent confrontées. Annie Ratouis, dans la revue Droit social2, constate « que l’on compte moins de cadres et d’agents de maîtrise au chômage que d’ouvriers non qualifiés est un fait. Faut-il pour autant considérer comme négligeables les difficultés rencontrées par les chômeurs appartenant à ces groupes professionnels, qu’ils soient inde