Comment caractériseriez-vous les évolutions récentes du monde industriel ?

Elles sont multiples et complexes, avec des caractéristiques qui varient selon les secteurs d’activité. L’une des plus sensibles et des plus globales est probablement celle qui touche le périmètre des entreprises. Leur champ d’activité est de plus en plus l’international ; et la production est de plus en plus organisée en fonction d’un appareil de production au minimum européen, et non plus national. Cela conduit à resserrer les types de production par pays, ou par établissement. Par exemple, dans l’électroménager, on fera les sèche-linge en France, les lave-linge en République Tchèque et ainsi de suite. C’est la conséquence de l’élargissement du marché des entreprises et des logiques de fusions / acquisitions qui ont prévalu au cours des dernières années. C’est un phénomène qui touche aussi les PME dépendant de l’organisation de la production chez les donneurs d’ordre et qui, pour certaines d’entre elles, sont d’ailleurs nées de l’externalisation d’activités de la grande entreprise.

Ces nouvelles dimensions de l’entreprise, de son organisation et de ses marchés posent la question des lieux de décision. Ils sont en décalage avec les habitudes nationales que nous avons en termes d’information / consultation, de capacité des représentants des salariés à se saisir des questions de stratégie industrielle, avec ce qu’il convient de faire aujourd’hui à un autre niveau, en particulier européen. Même si on avance, il nous manque encore de l’expérience. Etre efficace au niveau européen n’est pas qu’une question de mise en place d’instances adaptées. Il faut comprendre les modes de fonctionnement, d’organisation, de cultures des autres organisations européennes avec qui on va devoir travailler pour être capable de dégager une vision commune, de construire des compromis dépassant les enjeux nationaux.