En premier lieu, l’OMC, en tant qu’institution, sort renforcée par Hongkong. Et cela pour une raison simple : aucun Etat ne songerait une seconde à se dégager de l’institution et aucun Etat n’a cherché à ce jour la stratégie de l’échec. Pour une institution où les décisions se prennent par consensus et où, par conséquent, le droit de blocage est potentiellement considérable, c’est un acquis politique non négligeable. Cela d’autant plus qu’en dix ans la géopolitique de l’OMC s’est profondément modifiée et notamment depuis le sommet de Cancún, en 2003.

Avec l’arrivée de la Chine, la création du G-20 et la mise en place d’un groupe de pays africains producteurs de coton, l’OMC ne peut plus être considérée comme une organisation dominée par les pays riches. Naturellement, les inégalités de puissance sont considérables. Mais dans le monde réel l’important ne réside pas dans la mesure absolue des inégalités, mais dans celle des inégalités relatives. Autrement dit, personne ne peut penser que les pays africains producteurs de coton pèsent d’un poids égal au Brésil, mais au sein de l’OMC personne ne peut désormais ignorer les doléances des pays africains. Cela ne va évidemment pas dans le sens de la propagande altermondialiste, dont une frange réclame la disparition de l’OMC avec, d’ailleurs, des stratégies très différenciées mais complémentaires, même si les pays en développement reproduisent entre eux les inégalités qui existent entre pays développés et en développement. On peut d’ailleurs dire que la plupart des contradictions Nord-Sud ont vocation à devenir des contradictions Sud-Sud.

Cet investissement politique du Sud dans l’OMC a une signification profonde : la plupart des pays du Sud ont désormais compris qu’ils peuvent tirer avantage de la libéralisation des échanges. Certes, on pourra dire qu’ils y sont contraints. Mais, quand bien même le seraient-ils, ils sont bien dé