L’urbanisme d’aujourd’hui permet-il encore une expérience urbaine ? Poursuivant une exploration des mondes contemporains entamée avec La Peur du vide (1991), le dernier essai d’Olivier Mongin décrit les métamorphoses de la ville, de ses formes et de ses pratiques. Longtemps marquée par une culture des limites, envisagée un temps comme un espace fonctionnel, la ville ne se laisse plus saisir à travers les codes et les catégories élaborés par les urbanistes.

La Charte d’Athènes, en 1942, pouvait encore la définir par des fonctions – habiter, travailler, cultiver son corps et son esprit, circuler – et concevoir à partir de ces fonctions des espaces optimisés, rationnels et maîtrisés, proches d’un idéal en somme. Mais cet idéal urbanistique, non content de s’être avéré invivable, semble bien n’avoir été que le dernier mot d’une certaine idée de la ville. En laissant les flux l’emporter sur les lieux, il ouvrait la voie à ce qu’Olivier Mongin appelait dans un ouvrage récent la « troisième ville » et qu’il envisage aujourd’hui de façon plus radicale comme une « après ville ». « La ville européenne, conçue comme une agglomération qui rassemble et intègre, est en voie de fragilisation et de marginalisation. » A sa place émerge un espace informe, qui met en question l’idée même de ville et appelle de nouvelles représentations.

Il ne faut pas s’y tromper, l’horizon du travail entrepris ici est politique. Et ce livre a d’abord pour vertu de donner à ces nouveaux espaces, à ceux qui y vivent et à leurs représentants, une manière de formule. A cet égard, la richesse des références spécialisées, qui fait de ces 300 pages une somme des débats et des figures de l’urbanisme contemporain, n’en fait pas un discours de spécialiste, encore moins un ouvrage de vulgarisation, mais bien une intervention dans le débat public. S’il n’hésite pas