Formés par une pensée déterministe, nous envisageons « la » crise comme un phénomène exogène à nos actions de tous les jours. La crise, pensons-nous, serait un moment de creux, un accident de parcours, un mauvais moment à passer. La seule question serait-elle de revenir à l’équilibre antérieur ? Dans cette vision caricaturée à dessein, l’enchaînement causal est simple: la crise financière engendre une crise économique, laquelle se répercute dans les organisations privées et publiques.

La maladie des grandes organisations à l’ère servicielle

On peut retourner la perspective et voir la crise comme un moment où éclatent au grand jour des transformations silencieuses engagées de longue date. La crise serait alors ce moment où deviennent soudain visibles des icebergs jusqu’alors enfouis. Dans cette perspective, la crise est la sortie d’une période de gestation.

Dans cette seconde perspective, qui est la mienne, il y a une crise structurelle des organisations, une véritable maladie, liée à l’entrée dans une ère servicielle. Les cadres se trouvent au cœur de cette crise des organisations et les « troubles psycho-sociaux » sont des symptômes de cette maladie. Or il y a des limites au traitement des symptômes. Plutôt que de se précipiter sur des solutions clés-en-mains, tentons ici d’analyser le problème…

L’ère « servicielle » se caractérise par la servicialisation et l’innovation continue. J’appelerai « servicialisation » la tendance qui se fait jour à ce que le client-usager demande à dire son mot à propos de que « ce qui est bon pour moi » personnellement, et à être prescripteur.

Dans cette ère servicielle dans laquelle nous sommes déjà pleinement entrés se dessine un divorce croissant entre ce qui fait source de valeur et la représentation gestion