Voit-on apparaître aujourd'hui les prémices d'un modèle social européen ? Comment se constitue-t-il ? En 1994, lorsqu'une équipe de Bernard Brunhes Consultants avait publié « L'Europe de l'emploi, ou comment font les autres » ? 1, nous avions constaté une convergence très forte dans les évolutions des modes de gestion de l'emploi. En somme, nous nous étions aperçus, après avoir enquêté dans six pays européens, qu'un nouveau modèle de l'emploi se mettait en place.

Durant l'année 1996, nous avons conduit une nouvelle enquête dans cinq pays : la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Suède, l'Italie et l'Espagne : elle vient d'être publiée sous le titre « Négocier la flexibilité - Pratiques en Europe » 2. Nous avons également observé la situation française, en regard de ce qui se passe dans ces différents pays. Le fil conducteur de notre enquête de terrain : la flexibilité, l'emploi. Comment les organisations syndicales, comment les représentants des salariés négocient-ils sur ces sujets ? Là encore, comme pour la gestion de l'emploi, on voit des évolutions communes se dessiner dans les différents pays.

Partout, la négociation se rapproche du terrain

De nombreux travaux, ceux de l'IRES en France, mais également ceux du MIT (Massachusetts Institute of Technology) sous forme de comparaisons internationales 3, montrent un profond mouvement de décentralisation de la négociation sociale, qu'il s'agisse de discuter sur les salaires, sur le temps de travail et son aménagement, sur les évolutions de compétences. En Grande-Bretagne, le niveau de la négociation de branche n'existe plus : parfois même on négocie dans les établissements. Ainsi, dans l'une