Il arrive souvent que, face à ce qui nous vient d’Outre-Atlantique, nous soyons dans la méfiance voir dans le rejet systématique, en partant du principe qu’il s’agit d’une autre culture et que cet apport d’Outre-Atlantique ne serait pas transférable dans notre contexte français. Ainsi la notion « d’empowerment » qui provoque en réalité des réactions contradictoires, soit un rejet au motif que notre culture jacobine ne laisse pas de place à ce type de visée soit de l’engouement du fait des perspectives qu’elle peut ouvrir.

Précisons tout d’abord que l’empowerment est une notion très large allant par exemple de l’injonction plus ou moins explicite à se prendre en main individuellement au fait d’inciter les habitants à lutter pour transformer les conditions de vie dans leurs quartiers. Cette acception ambiguë tient au fait que le mot « power » qui en constitue la racine n’est pas clairement définie et qu’il peut aussi bien désigner l’autorité sur, la puissance que la possibilité de. Précisons également que cette notion est vue en France comme proche de celle de participation1 et n’est souvent envisagée que dans une dimension collective, comme si elle ne pouvait concerner que les collectifs de personnes. C’est pourquoi il semble intéressant de chercher à mieux comprendre ce dont il s’agit pour se forger un avis.

Un contexte qui met le travail social à mal

Il importe dans un premier temps de comprendre pourquoi cette notion émerge aujourd’hui dans le champ du travail social en Europe2. La crise économique que nous subissons depuis plusieurs années entraine un questionnement plus important sur les coûts des politiques sociales de la part des élus politiques et de la société. Elle met en difficulté le travail social qui se trouve pr