Les premières élections dans l’Europe des 25 ont laissé perplexes bien des observateurs. La forte abstention des citoyens européens appelés à élire un Parlement doté de pouvoirs législatifs accrus exprime une sérieuse défiance à l’égard du projet européen. Les électeurs se sont servis de ce scrutin pour sanctionner les gouvernements nationaux par un quasi « détournement » de procédure. Demi-surprise, il est vrai, au vu d’une campagne électorale menée largement sur des enjeux nationaux par des formations politiques sans réel lien transnational. L’élection d’un nouveau Parlement était de plus déconnectée de certains choix européens décisifs. Ainsi les députés européens seront tenus à l’écart de l’adoption de la nouvelle constitution européenne qui sera ratifiée selon des procédures nationales juxtaposées. Ils n’influeront guère non plus sur le choix du futur président de la Commission européenne par les gouvernements. En résumé, ces élections n’ont guère fait progresser la consolidation de l’espace public européen, faute d’acteurs et d’enjeux transnationaux. Cette exigence demeure. Elle est une condition clé de la construction d’une démocratie européenne authentique. Elle reste largement aujourd’hui de l’ordre de l’utopie nécessaire.

Désert d’Europe, désir d’Europe…

Pour autant, abstention et sanction, ce binôme repris dans la majorité des commentaires est-il le seul constat possible illustrant une réalité européenne trop absente de nos têtes, d’une construction européenne insuffisamment légitime aux yeux des électeurs ? Désir d’Europe ou désert d’Europe ? Ce lapsus révélateur d’un journaliste de RFI au lendemain du vote résume bien le panorama nouveau de notre démocratie européenne, la seule démocratie transnationale dans le monde. Les tactiques des citoyens dans leur diversité brutale, leur désenchantement renvoie