Les débats actuels sur la gouvernance dans les grandes entreprises ont quelquefois mis en cause des conseils n’ayant pas su prévenir les dérives des entreprises qu’ils étaient censés administrer. Le conseil d’administration est-il vraiment le maillon faible du système ?

Il faut d’abord rappeler que le rôle du conseil est défini par la loi ; il a des responsabilités étendues, portant à la fois sur le pilotage stratégique et sur la gestion, celle-ci étant généralement déléguée à la direction générale. S’il existe un débat aujourd’hui, celui-ci porte sans doute moins sur la définition formelle de la mission du conseil, telle qu’elle figure dans les textes de loi, que sur la façon d’exercer cette mission. Dans la pratique, les modalités varient beaucoup d’une entreprise à l’autre.

La proportion d’administrateurs indépendants fait par exemple l’objet de débats récurrents ; mais il me semble que ces débats sont parfois un peu simplistes. De quelle sorte d’administrateur indépendant parle-t-on ? En France, l’administrateur indépendant est le plus souvent un président d’une entreprise de taille comparable ; cela commence doucement à évoluer, mais il n’y a pas encore énormément de diversité. Par exemple, dans le conseil d’administration d’une grande entreprise française, le rôle d’un administrateur indépendant est très différent selon qu’il s’agit du PDG d’une autre entreprise du CAC 40, d’un dirigeant d’entreprise étranger, d’un financier ou d’un universitaire. L’implication, la quantité de travail et la valeur ajoutée varient d’un membre à l’autre, de même que leur connaissance de l’environnement propre à l’entreprise ; la capacité à faire valoir un point de vue différent est une richesse à ne pas négliger.

Les administrateurs salariés, dans ces conditions, peuvent-ils contribuer à un meilleur équilibre ?