Développement durable, stratégie militaire, géopolitique, intelligence économique, ces cours transversaux, cassant les traditionnelles disciplines regroupées en silos, se diffusent dans les grandes écoles et certaines universités en France. C’est une tendance lourde déjà engagée depuis deux à trois ans, et aujourd’hui bien installée dans le paysage éducatif français, une réalité qu’il convient désormais d’étudier afin de savoir s’il s’agit d’une simple mode ou d’un véritable mouvement inscrit dans la durée. Il faut également se demander quelles implications cela peut avoir sur la formation des étudiants et, plus avant, sur les modalités de travail dans les entreprises pour les prochaines années. Pour répondre à ces questions, nous allons d’abord procéder à un état des lieux afin d’envisager les perspectives de ce mouvement de fond, tant en matière d’éducation que de relations avec le monde du travail.

Un mouvement venu des Etats-Unis

Ce mouvement vient évidemment des Etats-Unis où les plus grandes universités d’outre-Atlantique multiplient les cours transversaux. Il suffit de consulter le catalogue des cours de l’université de Harvard. Dans la section Business School ou Law School, nous trouvons des cours d’Authentic Leadership Development, de Geopolitics, d’autres sur le Moral Leader ou sur le China’s Role in a World Order in Flux. D’autres cours tout aussi transversaux sont proposés aux étudiants de Berkeley ou de Stanford. Quelques années après - simple imitation ou sens différent ? - les grandes écoles françaises ajoutent à leurs palettes des cours transversaux : sciences cognitives à HEC Paris en lien avec l’Ecole normale supérieure d’Ulm, enseignement artistique à l’ICN de Nancy, géopolitique à Grenoble école de management, développement personnel un peu partout, etc. Les