« Vous êtes en bonne compagnie ! Valeur de l’action 21,72$ ». C’est la page de garde du site web du Fonds de Solidarité des Travailleurs du Québec (FTQ). Il s’adresse, en tant que Régime Enregistré d’Epargne Retraite (REER), aux personnes qui veulent se constituer une pension de retraite et, en tant qu’investisseur, aux PME en quête de capitaux stables. Et pourtant, c’est l’œuvre d’une centrale syndicale, la Fédération des Travailleurs du Québec.

La récession du début des années quatre-vingt eut pour effet la fermeture d’usines, datant souvent de l’après-guerre. Le chômage était alors de quinze pour cent, et les taux d’intérêts usuraires (jusqu’à 21 % l’an). Les banques n’investissaient pas dans un tissu économique constitué essentiellement de PME, souvent sous capitalisées. La Fédération des Travailleurs du Québec, très implantée dans les secteurs industriels traditionnels, comprit que ce qui était ressenti comme une crise industrielle était en réalité une mutation économique et considéra qu’il fallait que les travailleurs se saisissent des problèmes de leur entreprise avant que celle-ci soit à deux pas de la faillite. L’idée de créer et de maintenir des emplois par la participation ouvrière au financement et à la gestion des entreprises fit son chemin et Louis Laberge, président de la FTQ, lança un appel à la création d’un fonds d’investissement : «la protection et l’amélioration de l’emploi, c’est devenu aussi important, sinon plus, que la protection et l’amélioration des conditions de travail et de salaire. Si les autres ne veulent pas embarquer, on va décoller notre affaire nous-mêmes» déclarait-il en 1981.

« Un point tournant dans l’histoire du syndicalisme québécois »

Le projet, rendu public en 1982, constitua « un point tournant dans l’hist