Deux ouvrages récents étudient de près le phénomène, en s’attachant au vécu des cadres mais aussi en resituant les histoires individuelles dans ce qu’elles ont de commun.

Le management par le marché

Sorties de cadres est l’œuvre de trois spécialistes des sciences de gestion, Florence Palpacuer, Amélie Seignour, Corinne Vercher. Elles ont réalisé en 2005 une enquête par entretiens qualitatifs pour le compte de la DARES, qui n’a pas souhaité publier leur rapport. Celui-ci est donc devenu un livre.

Relayant la parole de DRH, de syndicalistes, de dirigeants, mais également de quelques cadres concernés, les auteurs montrent que le recours au licenciement pour motifs personnels participe d’une logique de performance économique caractérisée, qu’elles attribuent à la financiarisation des firmes mais aussi à la globalisation des stratégies des entreprises.

En effet, ces stratégies s’appuient sur des « chaînes globales de valeur », qui débouchent sur une gestion globale et macro régionale par les ratios et les coûts. La quête du leadership mondial exige une optimisation toujours renouvelée des coûts. Evaluation, reengeniering, externalisation, mais aussi réduction des postes superflus ou éviction des compétences obsolètes apparaissent comme la conséquence naturelle d’une gestion « efficace ». Cela n’a rien de nouveau ; mais la course au rendement financier, la pression toujours plus vive de la concurrence et le développement des méthodes managériales donnent à cette gestion une dureté et une rigueur inédites. Du fait du lien contractuel mais aussi de leur loyauté et souvent de leur adhésion à ces pratiques, les cadres en sont les acteurs parfois complaisants. Mais ils en sont aussi les premières victimes. Ils sont donc à la fois sujets et objets de ces nouvelles pratiques managé