« Le secteur, explique-t-elle, est en effet dans une situation difficile, avec une cinquantaine de plans sociaux en cours. Comme il s’agit souvent de PME, les médias en parlent moins, mais ce sont environ quinze mille emplois qui disparaissent tous les ans. » Deux logiques doivent être distinguées : les délocalisations, qui se sont effectuées en direction du Maghreb, d’abord, puis vers les pays d’Europe centrale et de l’Est (PECO), et le cas des entreprises étrangères, notamment chinoises, qui investissent à présent les marchés européens : l’entrée de la Chine dans l’OMC en 2002 a contribué sans nul doute à accélérer le mouvement.Le moindre coût du travail, dans des secteurs comme le cuir ou l’habillement où la mécanisation trouve très vite ses limites, contribue évidemment à faire la différence.

Une stratégie s’est fait jour à la fin des années 1980, qui consistait à produire du haut de gamme en France, et à sous-traiter le reste à l’étranger. «A présent, raconte Martine Roy, même le haut de gamme est fabriqué à l’extérieur, et sans perte de qualité notable. On pourrait dire que c’est l’ensemble de la production qui s’en va. Du coup, nos métiers changent, en se recentrant sur la création, la logistique, et les services. Les entreprises travaillent de plus en plus sur le négoce et la logistique. » Face à ce qui apparaît comme une évolution inéluctable, les syndicats se battent pour une meilleure traçabilité des produits. «Il ne s’agit pas pour nous de dire aux gens, via l’étiquetage, de ne pas acheter de produits fabriqués à l’étranger, explique Martine Roy. Si nous réclamons plus de traçabilité, c’est pour être sûrs que les produits sont fabriqués dans de bonnes conditions. Pas en termes de salaire : c’est évident qu’une ouvrière marocaine ou polonaise coûte moins cher qu’une Française ;mais il faut savoir que les conditions de travail